Compte-rendu de la rencontre large avec les revues
Protocoles d’écritures
Projet : Un référentiel des processus éditoriaux
Projet qui se focalise sur un ensemble de pratique, de choix techniques et éditoriaux institutionnalisés au sein des revues et dans la communautés des chercheurs·euses et des éditeurs·ices. Il s’agit de décrire explicitement les pratiques communes des revues et de relever la diversité des pratiques éditoriales, en reprenant un vocabulaire commun parlé par les revues.
La thèse de Nicolas Sauret relève les modes de fonctionnement très hétérogènes parmis celles-cis. Des modèles existent, notamment issus du monde anglo-saxon, centrées autour de l’évaluation et la rectification les articles. L’enjeu serait de garantir une légitimité à une diversité de modèles, y compris en issus du monde francophone.
Nous voulons donner avec ce projet le moyen aux revues d’expliciter dans un langage commun leurs pratiques. Il s’agirait ainsi d’aller chercher les pratiques communes et transversales dans le milieu francophone, les expliciter dans un vocabulaire commun et enfin les modéliser. Pour cela, nous entendons rentrer en contact avec des secrétaires de rédaction.
Bonne structuration d’un texte
L’idée est de s’appuyer sur le travail fait sur Stylo, mais aussi de communiquer avec des plateformes de diffusion. Nous entendons cartographier la totalité des métadonnées et des éléments structurels et significatifs à l’intérieur des articles. Cela nous permettrait une représentation du texte qui s’aligne avec les meilleurs standards.
Intégration des approches algorithmiques à l’intérieur de Stylo
Pour des corrections syntaxiques et reformulations : RAG avec Isidore et Huma-num
Mise en commun
Servanne Monjour : souligne l’atelier tenu par Margaux Jacques sur le workflow d’un article. Question de la propriété intellectuelle : jusqu’où peut-on intervenir sur le texte en tant qu’éditeur·ice ?
Marcello : ce sont des questions théoriques qui nous intéressent. Il s’agit ici de critiquer et questionner l’implémentation des LLMs.
Itinéraires : commencer une conversation sur les articles qui sortent des sentiers conventionnels bien connus par les chercheurs aguerris. Comme les articles en recherche-création ou écrits par des auteur·ice·s du sud : comment les aider à passer le processus d’évaluation ? comment aider à s’approprier les codes de la publication ?
Revue Humanités numériques : projet d’atelier dans le cadre du congrès Humanistica. Formation aux protocoles et aux codes et à la méthodologie de la rédaction ainsi que lien avec des association scientifique.
MarcJahjah et Fan (axe Inclusion et Diversité) : mutualiser les réflexions.
Servanne : on reçoit de nombreux articles que l’on n’envoie même pas en évaluation - savoir identifier les problèmes récurrents.
Lise Verlaet : l’accompagnement accru à la publication scientifique concerne aussi les doctorants, sous un régime de de tutorat.
Question de la forme de l’article scientifique : intégrer du multimédia ? de la recherche-création ou des parcours interactifs ? comment intégrer cela dans la chaîne d’édition ?
Revue Humanités numériques : promouvoir des articles produits par des communautés qui ne sont pas proprement des communautés de chercheurs (comme les ingénieurs, qui participent à la recherche, mais n’ont pas toujours les codes d’écriture). Dans ces cas, pour des raisons formelles et culturelles, les évaluateurs n’acceptent pas les soumissions. Une solution pourrait être un accompagnement des évaluateurs. Problème de ressource humaine et de temps toutefois dans le tutorat.
Lise Verlaet : pose la question de qui sont les pairs. Penser une pluralité dans les comités de relecture et d’évaluation.
Évaluation
Évaluation à l’aveugle : critiquable, pour des enjeux de transparence. Cependant, l’évaluation ouverte comporte son lot de problèmes.
Communautés de recherche
Une position importante prise par le projet Revue 3.0 est de considérer les revues en articulation étroite avec les communautés de recherches qu’elles regroupent. Cela revient à repartir de l’origine des revues savantes, qui se sont constituées en parallèle des sociétés savantes et des échanges réguliers de leurs communautés - la Royal Society of London de 1660 notamment.
L’enjeu de revues qui favorisent l’émergence et/ou la consolidation de communautés de recherches diverses nous semble important alors que depuis une cinquantaine d’années, les revues se réorganisent autour du facteur d’impact (comme évaluateur unique, standardisant).
En outre, le tournant numérique a consolidé l’emprise de quelques groupes industriels de l’édition scientifique : selon Vincent Larivière, également chercheur dans le cadre du projet, plus de la moitié des publication savantes sont aujourd’hui monopolisées pas 5 géants.
Cela nous mène à une situation où les lieux de l’édition scientifique sont dans les mains de quelques grands groupes, dont les objectifs commerciaux rentrent en conflit avec les objectifs d’enrichissement de la recherche propre aux communautés universitaires.
Pour Jean-Claude Guédon, on devrait voir les revues comme des groupes de recherche se constituant autour d’un problèmes ou des intérets communs. Il appelle dans ses derniers travaux à retrouver les visées de communication, de débat et de discussion des revues, en mobilisant les potentialités de la sphère numérique en réseau. Cela rejoint les réflexions que Nicolas Sauret a pu mener dans sa thèse et au travers de ses travaux dans le projet Revue 2.0, et dont nous souhaitons poursuivre la piste de renouer avec les idéaux de la conversation scientifique des communautés.
C’est pourquoi dans les intentions du projet Revue 3.0, nous entendons d’une part expérimenter et réfléchir sur la prise en charge des fonctions éditoriales par les communautés de recherche, et d’autre part envisager des critères éditoriaux contributifs pour les revues savantes - c’est-à-dire appréhender ce qui enrichit la recherche d’une communauté et la consolide.
En d’autres termes, nous espérons développer avec vous - et à partir de vos pratiques, besoins, attentes - des modèles épistémiques et sociaux capable de rendre la production, la gouvernance et l’appropriation des contenus des revues davantage collective et partagée.
Révision
Ne se limite pas à la correction orthographique. Il s’agit d’un travail souvent invisibilisé, surtout dans des contextes numériques. Avec Word : Appauvrissement d’un savoir faire existant dans l’édition papier. Git : conçu pour le code. Or l’édition n’est pas seulement une suppression d’une ligne, c’est un ajout qui a une valeur. Comment ne pas seulement se concentrer sur les outils mainstream et laisser l’édition se formater à ces outils-là ? Quels sont les besoins métiers ? Quelles pratiques (multiples) ?
Marcello : Rémise en question des hiérarchies symboliques dans le monde de l’édition (surtout à l’époque de ChatGPT).
Servanne : attention à ne pas oublier la dimension conversationnelle. Dans ce sens, c’est important de s’interroger sur qui a le droit de prendre la parole dans cette conversation
Aurélien : les revues sont aussi des entreprises de normalisation, ce qui pose une question de transparence. S’adapter aux protocoles de chaque revues : certaines sont plus transparentes dans leurs processus éditoriaux, par exemple.
Projet protocole d’évaluation ouverte
Humaniser l’évaluation d’articles pour que ça ne se réduise pas à des formulaires de révision mais se transforme plutôt en l’occasion de conversations entre auteur·ice·s et éditeur·ice·s. Vu que les évaluateur·ice·s se connaissent, remettre les retours de manière transparente à l’auteur.
Envisager l’évaluation comme une discussion entre pairs. Processus d’allers-retours et de travail collectif sur un même texte. Dans les années 2000, implémentation dans le domaine des sciences et de la santé - mais cela tarde à s’installer en SHS. L’évaluation ouverte pour justifier certains choix, demander des précisions, …
Mise en commun
Reference : “Référencer sa revue en accès ouvert : suivez le guide !” il a été produit pas Amandine Cléry. Il propose un glossaire qui peut servir.
Question : qu’en est-il des évaluations paresseuses, mal-investies - mauvaises ?
Lise Verlaet : Revue intélligibilité du numérique en Open Peer Review - cela est très apprécié car les évaluations sont très complètes, qu’elles soient positives ou négatives.
- re-discussion entre auteur·ice·s et éditeur·ice·s
- poursuite de la discussion par mail - mauvais retours parce que le travail d’évaluation n’est pas réconnu et la conversation est chronophage
- difficultés à faire évaluer des papiers mauvais, qui finissent par être laissés non évalués (jeux de pouvoir et de réputation de l’auteur)
Servanne : problème de pénurie des évaluateurs
MVR : Qui sont les pairs ? Rapport entre l’auteur et le comité éditorial (rôle du comité éditorial de retourner l’article à l’auteur·ice)
Postures : Est-ce que l’évaluation ouverte peut fonctionner dans le cas des petites communautés d’auteur·ice·s ? Question de l’échelle de la sociabilité
Adrien : considérer l’évaluation non pas comme un point définitif mais comme une conversation (changer de vision)
Lucia : l’ouverture de l’évaluation ne doit pas être un but en soi, mais doit servir à la mise en place d’un environnement conversationnel. Il y a toute fois la question des critères imposés par les organismes de financement ou des grandes plateformes de la recherche (facteurs d’impact)
Lise Verlaet : socialisation de la science ne se réduit pas à de la correction (“évaluation sèche”) mais plutôt de la co-construction, de l’accompagnement. L’auteur devient co-auteur ? Évaluation n’est-elle pas un processus de co-production ?
Marcello sur Guédon : comment identifier des granularités différentes de la connaissance pour créditer - “cristals of knowledge” ? Question de la modélisation de cette fragmentation et du balisage derrière.
Se pose la question du crédit pour les jeunes chercheurs·euses, dans leurs besoin de reconnaissance.
Comment faire reconnaître les différents rôles - évaluateurs·ices, auteurs·ices, etc. - dans nos institutions ? Prendre en compte différentes formes de production (article de blog podcast etc), et des contributions ?
Marcello : pose la question de l’auctorialité. Co-auctoralité pour remplacer le culte de l’auteur : mener un atelier de réflexion et d’expérimentation sur ce sujet.
Aurélien : taxonomie CRediT (Contributor Roles Taxonomy, commonly known as CRediT) intéressante mais sans métadonnées pertinentes (texte libre formaté avec les catégories Credit).
Diffusion
Comment les articles circulent ? Organisation faite par le biais de données structurées ouvertes. C’est une question macro qui concerne la diffusion sur les plateformes, mais aussi les besoins spécifiques des revues dans leurs pratiques de diffusion et distribution - export pdf, …
Export à partir de Stylo
Pensé d’abord au niveau de l’article. Test de la chaîne fait avec Métopes. Travail en cours sur une multitude d’exports pour s’adapter aux différentes plateformes.
Besoin de travailler à une autre échelle éditoriale : le corpus. Implémentation du “numéro de revue”, comme paquet d’articles à traiter en masse. On pense à d’autres types de corpus comme des thèses ou des ouvrages, ainsi que d’autres objets qui dépendent moins de plateformes de diffuseurs mais pourraient intéresser les revues, comme les sites web statiques. Il s’agirait en effet de rendre possible la création de sites web de revues directement à partir de Stylo, qui serait ainsi utilisé comme un backoffice (expérimentation en cours sur Imaginations). Possibilité depuis hier d’export en lots - “export corpus” - vers les plateforme (Odel, etc) ou vers la production d’un site statique.
Numérev : une plateforme qui intègre des fonctionnalités d’export similaires ; possibilité d’intégrer Stylo dans cette plateforme
Aurélien : l’étape des épreuves n’est souvent pas pensée (preview dans Stylo) : la production d’un site statique pourrait être utilisée dans ce sens ?
Web sémantique
Standardisation et désambiguisation des mots-clés. Dans Stylo, utilisation possible de la banque de données Rameau pour améliorer la découvrabilité des articles.
Création automatique d’un contexte sémantique
IEML à employer pour la découvrabilité des articles. Utilisation d’outils d’intelligence artificielle symbolique (système expert, contre-courant par rapport l’usage des LLMs).
Corpus à partir d’Isidore : nous sommes ouvertes à des collaborations sur ce projet (des revues qui puissent fournir des articles afin de tester les nouveaux prototypes développés par Alexia).
Mise en commun
Aurélien : un autre inactuel, c’est le PDF.
Marcello : Tex permet d’implémenter la totalité des compétences développées dans le print, par une modélisation fine du papier. Il ne faut pas oublier les compétences typographiques. Stylo veut prendre en compte tout cela : concilier la facilité de produire un pdf, sans écraser la finesse.
Markus Reisenleitner : Collaboration avec PrinceXML (qui fonctionne mieux que Paged.js pour générer des PDF typographiquement acceptables). Travail sur une intégration avec Stylo).
Clara : est-ce qu’il y aurait des formes d’écrits plus appropriables par certains publics ? Investir les “réseaux sociaux”.